jeudi 15 avril 2010

Fim : Bled Number one

Cinéma algérien :

Sortie : juin 2006 (Algérie)
Synopsis : A peine sorti de prison, Kamel est expulsé vers son pays d'origine, l'Algérie. Cet exil forcé le contraint à observer avec lucidité un pays en ...

lundi 8 mars 2010

Les anciens "médias de l’information" : le réseau du « courrier animalier »

Le réseau postal une technique ancienne :
Au XVe siècle, l’Europe occidentale a hérité du système postal oriental, alors qu’à l’époque, il a complètement disparu du monde arabe. En effet, l’administration des Postes en France remonte à 1464, lorsque le roi Louis XI établit, sur tous les grands chemins du royaume et de 4 en 4 lieues, des dépôts de chevaux pourvus de harnais et nommé Postes. Il a ainsi repris la technique pratiquée pendant longtemps, mais qui n’existait plus, au Proche-Orient arabo-islamique. Les gens chargés de ces dépôts avaient pour mission la transmission des plis officiels de relais en relais, ainsi éventuellement que le transport des lettres des particuliers, ce qui est une nouveauté importante dans la fonction sociale de la poste , en plus de sa fonction politique.

Ainsi, la Poste française connut une popularité considérable : on vit un engouement pour cette utile institution, qui permettait aux bourgeois d’activer leur négoce, aux soldats de correspondre avec les parents restés au pays. Deux siècles plus tard, l’homme d’Etat français Jean-Baptiste Colbert (1619-1683) lui imprima un nouvel essor : un bureau principal de postes fut installé à Paris.

Organe important du pouvoir, le postier permet les liaisons entre les provinces de l’Empire musulman, au Moyen Age. Ces anciens médias de l’information (routes/animaux de transport, ici un dromadaire) sont utilisés pour acheminer les messages.


Revenons à l’histoire du réseau du « courrier animalier » dans l’Empire musulman. Pour imposer son autorité sur cet Empire immense, si vastement étendu, le Calife doit être informé de ce qui s’y passe. Comment le calife est-il informé sur l’état de l’empire et comment envoie-t-il ses messages dans les provinces vassales? Le sociologue et historien arabe Ibn Khaldoun disait : « Celui qui assiste le prince peut le faire de plusieurs façons : par l’épée, par la plume, le conseil ou la science… Les fonctions de ce genre peuvent se répartir en plusieurs catégories. La plume comprend ainsi la correspondance… et la comptabilité qui incombe au trésorier payeur général et à l’intendance militaire. Les dignitaires d’épée sont, entre autres, le commandant en chef, le chef de la police, le directeur des postes et le gouverneur des frontières ». Ce qui signifie une grande circulation de l’information d’une extrémité de l’empire à l’autre.

Par ailleurs, afin d’estimer la qualité de la poste, il faut savoir l’importance de son infrastructure matérielle. Le système postal se compose d’un grand nombre de relais. Cette organisation en relais permet d’éviter toute interruption dans l’acheminement. La technique des Postes, utilisant des dépôts de chevaux de 4 en 4 lieues sur les routes interurbaines et formant un réseau de transport officiel de messages et de voyageurs, est connue par les Perses Sassanides avant la conquête arabe. Mais les Khalifes Omeyyades (661-750) à Damas et Abbassides (750-1258) à Bagdad ont construit des réseaux postaux de grandes envergures, nommés al-Barîd, en empruntant cette technique persane. Le terme arabe al-Barîd désignait à la fois, les messages, les messagers, les chevaux, la distance entre deux maisons où est établi ce service . Ainsi, l’origine du mot arabe al-Barîd étant perse, on peut supposer que ce système tout entier a été emprunté à l’administration perse sassanide.

La fonction originelle de la direction postes par « courrier animalier » résidait dans l’acheminement du courrier officiel, soit à l’intérieur d’une province de l’Empire musulman soit entre les provinces et la capitale de l’Empire et vice-versa. Cependant, cette administration jouait essentiellement le rôle d’agence de renseignements au service du calife, surveillant les agissements du gouverneur et des citoyens. C’est ce qui explique par exemple l’intervention du directeur de la poste, en accord avec les principaux généraux, auprès du gouvernement central pour l’informer des événements dans la province. Par ce biais, l’activité du directeur de la poste s’avère être une activité de gouvernement et non de simple administration. Mais, dans l’ensemble, tous ces organismes et leurs principaux chefs étaient essentiellement cantonnés dans le travail technique et ne semblent avoir pesé d’aucun poids sur le plan politique malgré une certaine force de résistance propre à toute bureaucratie.


Le réseau du « courrier animalier » au Moyen-Orient à l’époque des abbasides :

Au meilleur moment du pouvoir abbasside , aux IXe et Xe siècles, la poste califale rayonne sur un espace très vaste, surtout au Moyen-Orient. La poste semble moins développée en Andalousie qui est restée sous le pouvoir des Umayyades. En ce qui concerne les relations avec Cordoue, les choses sont plus complexes. À cette extrémité de l’empire, il y a toujours eu, dès le départ, un certain relâchement de l’autorité du pouvoir de Bagdad.

Comment sont acheminés les messages? La Poste arabe a utilisé les anciens médias de l’information : les routes/animaux de transport (mulets, chevaux et dromadaire, selon les lieux). Pour la période abbasside, les mulets mettaient 20 jours pour effectuer le voyage entre, Gurgân (près de la Mer caspienne) et Bagdad, soit 1542 km ; mais seulement 11 jours pour rallier la ville du calife depuis La Mecque. Enfin les lettres pouvaient être acheminées par voie d’eau, en Égypte notamment, sur le Nil et ses canaux. Mais les messages sont parfois confiés à des porteurs sans monture : des courriers à pied.

À la fin du IXe siècle, on en recense au moins 930 pour la région du Moyen-Orient. Sachant que ces relais sont disposés tous les 12 ou 24 km en fonction des accidents du terrain, on imagine l’ampleur du réseau : il devait s’étendre sur 15000 à 20000 km. Il en existe deux types de relais. Il peut s’agir d’une simple station, une petite organisation qui permet de changer de monture ; ou bien, les relais sont en dur, plus imposants. Nous avons des témoignages du XIIIe siècle qui décrivent des relais modestes, constitués, par exemple dans le désert, d’une simple tente prise en charge par un campement bédouin ou un village assujetti au calife. Les relais sont parfois installés dans un caravansérail puisque le réseau postal suit, pour partie au moins, les routes commerciales.

En fait, la poste califale est avant tout un service de renseignement étatique. C’est la direction de la poste qui a la charge de s’occuper de ce service. On ne peut parler véritablement de ministère, mais au moins de bureau ou office. À la tête de cette administration, il y a le directeur de la poste et il est intéressant de noter que ce directeur a aussi des fonctions de police. De fait, la poste des anciens Arabes a toujours eu une fonction de police. Car la poste est tout entier au service de l’Etat, c’est l’organe du calife ou de ses représentants qui permet de recevoir les informations des provinces reconnaissant son autorité et de leur transmettre les ordres et les messages. La poste abbasside est bien évidemment dans la continuité de la poste omeyyade.

Le message lui-même est fixé, depuis la période omeyyade, sur papyrus. Le papier ne fait son apparition dans le monde musulman que dans la deuxième partie du VIIIe siècle et la première fabrique de papier à Bagdad voit le jour vers 790. Cependant, il peut arriver que le calife, pour préserver la confidentialité d’un message, ne le fixe pas par écrit et le confie simplement au messager oralement.

On transporte donc essentiellement des informations d’État, c’est-à-dire, l’information politique. Pour être plus exact, il faudrait dire politico-religieuse, puisque l’Empire abbasside est confronté très rapidement à des problèmes d’orthodoxie. Qu’est-ce qui se dit dans telle ville qui est plutôt shiite? Que font les sunnites de telle obédience? La poste permet d’en savoir plus sur les nombreux courants religieux et les prêches. Corrélativement la poste sert à récolter l’information sur l’état des provinces et les éventuels mouvements sociaux qui s’y préparent : ainsi le calife peut-il être au courant des problèmes de révolte de garnison et des pouvoirs locaux qui tentent de se constituer.

L’information est aussi de nature diplomatique : al-barîd permet la communication entre l’empire byzantin et l’empire abbasside par exemple. Enfin, elle permet de recueillir des informations purement fiscales. Bien évidemment la qualité de la poste dépend de la conjoncture politique. La moindre révolte locale en un lieu de relais constituait une entrave au bon fonctionnement d’al-barîd. C’est là une des raisons pour lesquelles le calife envoyait souvent plusieurs postiers aux itinéraires parfois différents. Cela dit, dans l’ensemble, le service postal a globalement bien fonctionné, tout simplement parce qu’il s’agit d’un dispositif de pouvoir essentiel à l’appareil d’État.

Enfin, ce ne sont pas toujours que des messages qui sont transmis par la poste. Le calife peut décider d’utiliser ce service, pour acheminer des biens (des manuscrits, des fruits d’autres régions, etc.) ou des personnes (des poètes et des danseuses qu’il souhaite voir à la cour). Al-barîd est avant tout au service de l’État, mais il peut arriver que des particuliers l’utilisent. Encore ne s’agit-il pas de n’importe quel particulier. Il faut pour cela obtenir le blanc-seing de l’autorité centrale et y être autorisé par le calife. En revanche, pour celui qui n’est pas proche du pouvoir, d’une manière ou d’une autre, il existe toujours la possibilité de s’offrir les services des colporteurs qui vont de ville en ville ou bien encore, de faire appel aux grandes compagnies commerciales dont les caravanes, les bateaux et les courtiers sillonnent l’empire.


Le réseau du « courrier animalier » au Maghreb au Moyen Age :

Le réseau postal à dos d’animaux, de par sa position spéciale d’organe de relation et d’information (média d’information), était donc fortement lié aux services de la capitale de l’Empire Bagdad. Toutefois, ce n’est pas seulement les califes qui ont leur direction de poste, les gouverneurs des provinces, comme Ifriqiya (actuellement la Tunisie) ou l’Egypte l’ont aussi. Celle-ci s’occupe de l’expédition des missives aux agents régionaux et la rédaction de la correspondance du gouverneur au Calife, gardant des copies de toutes les lettres envoyées.

Au Maghreb, la Poste ou al-barîd, ce service public perfectionné que l’Orient musulman avait hérité directement des Sassanides, était adopté depuis le Haut Moyen Age. En Ifriqiya (actuellement la Tunisie), il est devenu rudimentaire sous les derniers Hafsides (1229-1574) : « Il semble que al-barîd ifriqiyen ait connu une nette régression au Bas Moyen-Âge » . Brunschvig décrit le système d’al-barîd sous les Hafsides : « Un pareil système ne comporte point de relais fixes, ni de montures appartenant à l’Etat et prêtes, d’étape en étape, à assurer la continuité du voyage et sa rapidité. On est assez loin, avec cette poste rudimentaire, du service public perfectionné que l’Orient musulman avait hérité directement des Sassanides et que l’Ifriqiya du haut Moyen-Âge avait adopté ».

Par contre, la poste privée, issue de la coopération entre les commerçants, fonctionnait à Fès (Maroc) jusqu’au XIXe siècle : à Fès « les porteurs de courriers formaient en effet une corporation qui avait à sa tête, comme toutes les autres professions, un superviseur » .

Le réseau du « courrier animalier » en Egypte à l’époque des Mamelouks :

Après une rupture totale au cours du Xe et XIe siècles, les rois Ayyubides (1174-1249) et Mamelouks (1250-1517) ont rétabli de nouveau des réseaux d’al-Barîd, en Egypte et au Proche-Orient arabo-islamique, à la façon qu’ils étaient au temps des califes abbassides ; mais qui vont être définitivement détruits à la fin du XIVe siècle, par Timur Lang (dit Tamerlan, émir des mongols de 1370-1405), à l’époque du sociologue et historien arabe Ibn Khaldoun (1332-1406).

La poste aux pigeons : des messagers à « grande vitesse » à l’époque des Mamelouks.


Il existe aussi une poste aux pigeons. L’utilisation du pigeon voyageur date de l’Antiquité. Les omeyyades, qui avaient pourtant mis en place le système perfectionné d’al-barîd, ne firent cependant jamais usage de pigeon. À la période mamelouk (à partir de 1250), en revanche, la poste aérienne a connu son plus haut développement : l’empire regorgeait alors de pigeonniers et la citadelle du Caire en était le point central. Entre ces deux périodes les Abbassides, très exactement à l’époque du calife al-Mahdi (775-785), semblent pour leur part avoir redécouvert les avantages incomparables de ces messagers volants. Bien évidemment, Bagdad constitue alors le cœur de ce réseau aérien.

L’urgence d’un message justifiant entièrement le recours aux pigeons, plus rapide que la poste à dos d’animaux, puisqu’ils pouvaient atteindre des vitesses comprises entre 70 et 120 km à l’heure. De telles moyennes dépassaient de loin tous les autres moyens de la poste, y compris le cheval. Ainsi, pour rejoindre Le Caire à partir de Damas (soit une distance de 620 km), il ne fallait qu’une journée!

jeudi 4 mars 2010

Rrésentation du projet de ce blog

Ce blog explorera au cours de ses publications la psychologie, la sociologie et l’histoire des médias du savoir et de l’art. Notre compréhension du fonctionnement de ces médias sera d’autant plus facile que nous ayons pris conscience que leur produit – l’information – est la "matière première" de la culture, de l’éducation et de la formation, avant d’être une "matière première" de l’économie. Ils concernent la cognition et la communication humaines.

Dans les réflexions contemporaines sur les médias, un point est souvent mis en avant : l'unification des médias du savoir et de l'art, par les technologies numériques.

Pour pouvoir discuter de ce type de questions, ce blog essaie de publier des éléments de l’histoire, de la psychologie et de la sociologie des médias traditionnels pré-informatiques.

En effet, il existe deux grandes catégories de médias du savoir et de l’art :
1°- Les médias graphiques associant textes et/ou images fixes.
2°- Les médias audiovisuels associant images animées et/ou sons.

Pour chacune de ces deux catégories de médias nous parlerons, comment s'est déroulée leur interaction avec les nouvelles technologies de l'informatique. C'est ainsi que nous pourrons nous interroger sur la convergence et l’intégration des médias du savoir et de l’art à l’âge des technologies numériques.

Ainsi, on peut essayer de comprendre les enjeux des nouveaux médias du savoir et de l’art, à l’ère du numérique, comme outils de la culture, de l’éducation et de la formation…